Tel un chat, j'avançais sur le haut des toits, regardant le soleil commençait à décliner. Le quartier résidentiel qui entourait tous les autres possédait une multitude de toitures intéressantes, et proches les une des autres, mais il était ennuyant. Sauter à l'intérieur d'un immeuble de bureaux depuis le toit d'un autre était bien plus amusant. C'est pour cela que je me dirigeais vers ces hauts buildings qui indiquaient la grandeur de notre système. Avançant sur une toiture plate couleur rouille, je me demandais quels bureaux j'allais infiltrer. En atterrissant sur les tuiles grisâtres d'une maison de riches, je me faisais une réflexion quant à ceux que je n'avais pas encore infiltrés. Et en coupant les branches d'un arbre, au milieu d'un parc, je me décidais à entrer dans celui réservé aux recherches, plus ou moins, scientifiques. Je n'y étais entrée qu'une fois, et ce n'était même pas par une vitre. Debout sur un poteau, servant peut-être de lampadaire quand il n'y avait personne dessus, je cherchais le meilleur itinéraire pour rejoindre le quartier des hauteurs, comme je me plaisais à l'appeler. Je le connaissais déjà par cœur, mais il me semblait amusant de regarder les quelques fenêtres de bureau encore allumées, pour quelconques raisons. Il me fallut moins d'une dizaine de minutes, sans compter la pause pour prendre une photo d'un collège allongé sur son bureau, pour rejoindre le toit du gratte-ciel le plus proche de celui que je voulais rejoindre.

Deux minutes et quarante-trois secondes de réflexion quant au meilleur angle de saut. Une minute et vingt-sept secondes pour évaluer le meilleur moment pour activer ma capacité à traverser, dans ce cas-là, les fenêtres. Trente-six secondes pour choisir le meilleur départ, pour l'élan et le saut. Neuf secondes et demie pour prendre assez d'élan. Quatre secondes de saut, au-dessus du vide, avant de traverser la fenêtre. Moins de trois millièmes de secondes pour que je retrouve assez de mes molécules, pour ne pas traverser la moquette et me retrouver un étage plus bas. Deux secondes de roulade. Vingt-six secondes pour reprendre mon souffle.

L'étage était désert, c'est pour cela que je l'avais choisi, mais, depuis l'autre toit, j'avais aperçu quelques lumières. Je ne me décourageais pas, cela n'était pas mon genre, et commençait à explorer les lieux. Je croisais, en tout, six bureaux en open space, trois salles de réunion, deux coins « machine à café », un bureau séparé et fausse rousse à talon aiguilles. J'échappais à un interrogatoire avec la sorte de femme en sautant à travers la fameuse moquette grisâtre. J'atterrissais sur un clavier d'ordinateur, faisant un vacarme monstre, dans une salle éclairée artificiellement où, grand malheur pour moi, il y avait quelqu'un. Il me semblait que c'était un scientifique, je n'étais pas tout à fait sûre, il était dos à moi, mais devais déjà m'avoir remarqué. Le temps passa au ralenti le temps qu'il se retourna pour voir que je venais de détruire son clavier et redevins normal quand je pris la parole.

« Je vous dis plutôt bonjour ou bonsoir ? »

Spoiler:

Assis devant son ordinateur, les doigts immobiles sur les touches du clavier, Alexander fixait désespérément la feuille vierge du logiciel de traitement de texte.

Voilà quelques jours qu’il avait reçu un mail de la part de son directeur, François Dugrand, lui demandant de rédiger un petit article sur la mémoire. La mémoire. Voilà un terme bien vaste, englobant de nombreux concepts et une multitude de notions… par où commencer ? Une définition simple ? Une phrase philosophique ? Ou alors en remontant aux origines de la neuropsychologie, peut-être ?

Non, rien à faire. Pas le moindre éclair de génie, pas même une once de lucidité…

Soudain, la porte de son bureau s’ouvrit. William Nix, un collègue du labo, plus âgé que notre protagoniste, le crâne dégarni et un large sourire sur les lèvres :

« Bon week-end, Alexander ! »

Celui-ci se pencha légèrement sur le côté, jeta un coup d’œil à l’heure affichée par l’horloge numérique fixée sur le mur à côté de la porte avant de répondre :

« Hm ? 15h12 ? Tu pars de plus en plus tôt, ma parole.
- Ah mais je n’ai plus rien à faire !
- Sacré veinard…
- Et puis les chefs sont absents cette semaine, donc…
- C’est vrai.
- Et toi ? Tu t’en sors avec ton dossier ? »

Alexander examina la feuille vide. Tristesse. Il esquissa un semblant de sourire et reporta son attention sur son interlocuteur :

« Il avance, oui… je suis déjà à trois pages…
- Vraiment ? Je peux jeter un coup d’œil ? dit-il en faisant quelques pas dans le bureau, s’approchant dangereusement de l’ordinateur.
- Nan ! Ne t’inquiète pas pour moi ! répondit brusquement notre héros en se levant de sa chaise. Euh… ça te dit d’aller prendre un café ?
- Ah ah, un chocolat chaud, tu veux dire ?
- Ouais, plutôt.
- Bah pourquoi pas. Ça fait sérieux tout ça : pause-café avant de rentrer chez moi. »

Le jeune chercheur éteignit l’écran de son ordinateur avant de prendre sa veste de costume et de l’enfiler. Il rejoignit son collègue avant de rebondir sur sa réponse précédente :

« Si tu as des soucis de conscience, tu peux rester encore une heure ou deux, tu sais.
- Hum… non, pas du tout ! »

Alexander ferma son bureau et les deux individus se dirigèrent vers l’espace de pause…

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Trente minutes plus tard...

De retour dans son bureau, notre protagoniste se réinstalla dans son siège et ralluma l’écran. Toujours rien. Bien qu’ayant espéré bénéficier de l’illumination divine pour ainsi taper en quelques minutes son dossier, il lâcha un profond soupir de désespoir avant de s’écarter du meuble et de faire des tours sur son fauteuil. Il ferma les yeux et, tout en continuant de tourner, essaya de poser ses idées. Peut-être qu’il parviendrait à trouver le fil conducteur ?

Tout à coup, un grand fracas résonna derrière lui. Perdu dans ses pensées, il sursauta violemment avant de se retourner et de constater l’étrange spectacle. Sortie de nulle part, une jeune femme d’une vingtaine d’années était assise sur son clavier ! Ou du moins ce qu’il en restait : compte tenu du choc, il avait été brisé en deux et plusieurs touches furent éparpillées çà et là… Mais avant même de dire quoi que ce soit, l’intruse lâcha sur un ton un peu gonflé :

« Je vous dis plutôt bonjour ou bonsoir ? »

Alexander se releva brusquement de son siège et, abasourdi par un tel chantier, posa ses mains sur son crâne. Sans passer par quatre chemins, ni utiliser les marques de politesse, notre protagoniste s’énerva :

« Non mais vous êtes complètement cinglée ?! Et puis, d’où vous sortez ?! Vos parents ne vous ont jamais appris à passer par la porte comme des gens civilisés ?! »

Il s’agenouilla et se mit à ramasser les touches de son clavier avant de les déposer à côté de son écran. D’ailleurs…

« Ouf ! Mon ordi n’a rien… dit-il en soupirant de soulagement, avant de reprendre de plus belle Bon sang : mais qu’est-ce qui vous a pris de… »

Mais alors qu’il comptait laisser jaillir encore un peu sa colère, la raison lui revint. Il examina quelques secondes la jeune femme avant de lui demander d’une voix plus douce :

« Euh… Ça va ? Vous ne vous êtes pas faites mal au moins ? »

La pauvre avait dû faire une sacrée chute ! Mais le mystère demeurait entier : d’où avait-elle pu tomber ?!

« Tout va bien, merci. »

A l’écoute de ces quelques mots, Alexander se sentit soulagé. Au moins personne n’était blessé, c’était le principal. Presque automatiquement, le chercheur lui tendit une main amicale afin de l’aider à se redresser. Malgré le sermon qu’elle avait reçu – bien que son attitude un peu rêveuse indiquait, au contraire, qu’elle n’avait absolument rien écouté ! – la jeune femme accepta l’aide offerte par son interlocuteur et descendit du bureau, faisant tomber au passage quelques morceaux du clavier.

Au moment où ses pieds touchèrent la moquette de la pièce, elle réalisa que son arrivée inopinée risquait de lui attirer des ennuis. A tel point qu’elle demanda au jeune homme de ne révéler à personne sa petite intrusion. L’instant d’après, l’expression neutre jusqu’ici figée sur son visage se changea en honte mêlée à de la peur. Avait-elle peur des représailles, des conséquences de ce désordre ?

Alexander resta quelques secondes silencieux, ne sachant trop quoi répondre. Il plongea son regard dans le sien, cherchant à y lire une quelconque émotion cachée. Il avait appris, lorsqu’il était assis sur les bancs de l’école, à déchiffrer les microexpressions en cours de Sciences des comportements. La contraction des muscles faciaux, l’orientation du regard, le plissement des paupières… toutes ces petites choses, produites contre notre volonté, ont tendance à nous trahir et à révéler nos véritables intentions au grand jour. Néanmoins, certains acteurs sont doués pour masquer leurs pensées.

Le neuropsychologue examina alors le visage de son interlocutrice. Si celle-ci était réellement terrifiée, alors pourquoi ne voyait-il pas ses sourcils remonter comme s’ils s’étaient donnés rendez-vous pour se rejoindre ? Pourquoi ses lèvres demeuraient légèrement recourbées, comme pour empêcher un sourire d’être trop visible ? Ces microexpressions ne représentaient en rien la peur, et encore moins la honte. Dommage, c’était bien essayé ! Une chose était cependant sûre : cette jeune femme était douée pour le mensonge !

Alexander se mit à sourire avant de lui dire, tel un adulte se moquant d’un jeune enfant en agitant l’index devant lui :

« C’est mal de mentir, vous devez le savoir, non ? Il ramassa les derniers morceaux de son clavier avant de les jeter dans la poubelle à côté de son bureau. Ne vous inquiétez pas pour le clavier, j’en redemanderai un au service informatique. »

Il contourna son bureau et leva les yeux au plafond, cherchant à savoir s’il y avait un trou reliant cette pièce à l’étage supérieur. Rien, pas même l’ombre d’une fissure. L’atterrissage de cette inconnue relevait du surnaturel. « Houdini a de la concurrence… » pensa-t-il en reportant son attention sur son interlocutrice. Il se frotta le crâne, repensa à ce que lui dit la jeune femme avant de continuer :

« Ça vous arrive souvent de passer à travers les plafonds, comme ça ? J’veux dire… c’est peu commun… »

A ces mots, quelque chose résonna dans l’esprit du chercheur. Pourquoi ne pourrait-elle pas traverser les murs et les surfaces ? Pourquoi ne pourrait-elle pas faire partie de ces rares individus dotés de pouvoirs extraordinaires ? Après tout, lui aussi détenait une capacité hors du commun… mais mieux valait ne pas trop en parler ouvertement…

Sa voix s’était radoucie et sa colère s’était dissipée. Peut-être qu’en adoptant une attitude plus ouverte, son interlocutrice serait plus encline au dialogue ?

La jeune femme l’écoutait sans dire un mot. Après avoir tenté de jouer la comédie pour s’attirer la compassion de son interlocuteur, elle reprit une expression plus neutre et poursuivit le dialogue, répondant à la question du chercheur. Elle joua la carte de l’humour en disant qu’elle avait pour habitude de prendre les escaliers. L’inconnue embraya directement sur un face-à-face évité de justesse avec une des collègues d’Alexander qu’elle décrivit… d’une façon assez brutale.
« Une… prostituée ?! » songea notre protagoniste en écarquillant les yeux, surpris d’entendre ce mot lâché de but en blanc.

Voyant que ses paroles avaient quelque peu dépassé sa pensée, la jeune effrontée lâcha un soupir avant de revenir sur ce qu’elle venait de dire, demandant pardon auprès de l’homme face à elle. Celui-ci, encore légèrement choqué, bafouilla quelques secondes puis rétorqua :

« Une prostituée, voyez-vous ça… Non, je ne vois pas à qui vous faites allusion... »

Il se frotta alors le menton et détourna le regard, cherchant mentalement une représentation de cette malheureuse. Pendant ce temps, l’inconnue lança la touche « H » de son clavier en direction des autres, jetées à la poubelle quelques instants plus tôt. Mais elle rata son tir et la touche en plastique retomba sur la moquette, à côté de la cible.

C’est alors que l’interlocutrice de notre protagoniste, jusqu’ici accroupie sur le sol, releva la tête et lui demanda si ce bureau lui appartenait. Quelle étrange façon de discuter avec quelqu’un ! Les questions, bien qu’anodines, semblaient tout droit sorties d’un interrogatoire de police ! Alexander répondit du tac-o-tac après avoir lâché un court rire :

« Ahahah! Je vous trouve bien curieuse ! Eh bien oui, c’est mon b… »

Tout à coup, le chercheur entendit quelqu’un arriver dans le couloir. Le bruit des talons aiguilles résonnait contre le sol et, à en juger la démarche plutôt lourde, la personne semblait remontée. Alexander se dirigea immédiatement vers la porte avant de saisir la poignée de telle sorte à empêcher quiconque d’entrer. Il se tourna alors vers la jeune femme et lui lança en chuchotant :

« Je crois que votre petite visite a attiré l’attention ! Du bout de l'index, il désigna son bureau et poursuivit Cachez-vous là-dessous ! Je vais essayer de l’empêcher d’entrer ! »

Notre protagoniste prit une attitude décontractée et sortit de son bureau le plus naturellement possible, laissant l’intruse seule à l’intérieur.

Il tourna la tête en direction du bruit et vit la rouquine dont parlait l’inconnue. Aussitôt, il se souvint de son prénom et lâcha :

« Tiens, salut Victoria. Quel bon vent t’amène à cet étage ? »

Victoria Bartlett. La trentaine, un grain de beauté en coin de lèvre, du mascara soulignant ses yeux noirs profonds et, bien sûr, une longue chevelure rousse flamboyante. Se croyant irrésistible, la secrétaire ne se privait pas pour se déhancher et montrer à qui voulait bien l’observer sa silhouette fine et élancée. Alexander ne l’appréciait pas beaucoup. Elle faisait très bien son travail, là n’était pas le problème, mais son attitude l’exaspérait au plus haut point. Il lui adressa un semblant de sourire et attendit qu’elle s’approche de lui.

« Ah, Alexander ! A tout hasard : tu n’aurais pas croisé une jeune femme qui se promènerait dans les couloirs ?
- C’est vague comme description… c’est quoi le problème, exactement ?
- C’est quoi le problème ? Toute personne étrangère au service n’a pas le droit d’errer librement, c’est le règlement, je te rappelle !
- Ah oui, le règlement…
- Tu permets que je regarde dans ton bureau ?
- Dans mon bureau ? Mais j’en sors, s’il y avait quelqu’un, je le saurais, non ?
- Juste pour être sûre !
- Je vois que la confiance règne…
- Je vérifie puis je m’en vais ! Tu as quelque chose à cacher, peut-être ? Tu as invité une amie à venir voir le labo sans en demander la permission ?
- Mais tu délires complètement ! Il lâcha un soupir avant de répondre, résigné à laisser faire cette furie Bon, allez : regarde dans mon bureau si ça t’amuse tant… »

Il se retourna et posa la main sur la poignée avant de la tourner délicatement. Son cœur se mit à battre de plus en plus vite. Pourvu que cette inconnue ait eu le temps de se cacher. Dans quelques secondes, il serait fixé !

Dans quelques secondes, la porte serait ouverte. Victoria Bartlett, déterminée à mener sa petite enquête, s’était imposée au chercheur et s’apprêtait à fouiller son bureau. Alexander, quant à lui, sentit son rythme cardiaque accélérer. Il essaya d’imaginer ce qu’il se passerait si la jeune femme découvrait l’inconnue au beau milieu de son espace de travail. Pourrait-il nier l’avoir vue entrer ici ? Compte tenu de son intrusion pour le moins surnaturelle, notre protagoniste savait que la rationalité de son interlocutrice aurait raison de ses explications. Après tout, les ingénieurs et chercheurs du laboratoire R&D de U-Corp n’étaient pas du genre à rigoler…

Non, il ne pourrait rien faire pour se sortir de ce guêpier. De même, il ne pourrait pas défendre la jeune femme contre les griffes de cette furie. Il fixa alors la porte s’ouvrir, impuissant, et croisa les doigts pour que son bureau soit vide. Victoria pénétra dans son antre et alluma la lumière, tandis que notre protagoniste restait quelques pas derrière elle.

Tout à coup, il aperçut l’inconnue qui… venait tout juste de traverser le mur ? Il se sentit pâlir et, essayant de rester le plus serein possible, suivit la secrétaire et se plaça à ses côté. Il se racla la gorge et, d’une voix calme, déclara :

« Alors ? Ta curiosité est-elle satisfaite ?
- Tssss… elle ne perd rien pour attendre ! »

Mais au moment de tourner les talons, la secrétaire constata l’absence de clavier devant l’écran de l’ordinateur. Ses yeux glissèrent malencontreusement en direction de la poubelle et constata alors les morceaux et les touches lettrées du périphérique.

« On peut savoir pourquoi ton clavier est dans la poubelle, Alexander ?! s’exclama-t-elle d’un ton inquisiteur, tout en pointant la poubelle de l’index. »

Voilà qui s’annonçait délicat. Comment pouvait-il expliquer un tel désordre ? Il se frotta l’arrière de la tête, affichant une moue honteuse, avant de sursauter. Il avait une explication plausible !
Le jeune chercheur fit quelques pas devant lui, contourna son bureau et tourna légèrement l’écran face à son interlocutrice avant de l’allumer. Une page vide, surmontée d’un titre : « Rapport de recherche – Mémoire et souvenirs ».

« Je suis sur ce rapport depuis ce matin, et je n’arrive à rien… commenta-t-il le plus simplement possible. Et disons que ça m’a un peu gonflé. Bref, tu imagines la suite… »

Alexander replaça alors son écran dans sa position initiale, avant d’adresser à la secrétaire un sourire quelque peu gênée. Il lui fallait maintenant ponctuer son argument par une note plus légère, histoire de rajouter un peu d’humour à la situation :

« J’entends déjà les informaticiens gueuler ! Ah ah ! »

Victoria resta impassible, toisant le jeune chercheur d’un regard noir. Celui-ci, voyant que sa blague n’avait pas fonctionné, toussota rapidement avant de demander si tout était bon. La jeune femme fit enfin demi-tour, avant de lâcher, agressive :

« Si j’apprends qu’elle est là à cause de toi, ça va chauffer ! Puis, décidée à enfoncer le clou, elle poursuivit Et d’ailleurs, les chefs n’arrêtent pas de me rappeler que le séminaire est pour bientôt, et que tous les chercheurs doivent renvoyer leur rapport au plus vite !
- Oui, oui… je le termine bientôt… répondit tout simplement l’employé de U-Corp, soupirant au passage. »

La secrétaire marmonna quelque chose qui ressemblait à « Fainéant… » avant de sortir du bureau et de refermer la porte derrière elle. « Connasse… » murmura-t-il à son tour avant de s’asseoir sur son fauteuil. Il vit alors l’inconnue revenir dans la pièce – par le mur, pour ne pas changer – et s’écrouler sur le sol, soulagée d’avoir échappé à cette hystérique.

« Vous êtes tirée d’affaire ! répondit Alexander, lui aussi un peu fatigué d’avoir dû improviser de la sorte. »

La jeune femme se releva, jeta furtivement un coup d’œil dans le couloir, puis se tourna vers son sauveur.

« Peut-être devrais-je essayer de me faire plus discrète la prochaine fois, qu’est-ce que vous en pensez ? demanda-t-elle d’une voix douce et enfantine.
- Oui, cela vous évitera d’être pourchassée ! Il marqua une courte pause, jeta un coup d’œil à l’horloge numérique à côté de la porte avant de lâcher un soupir. Bon, il se fait tard et vu que je n’avance à rien, je vais rentrer. Par contre… »

Alexander croisa les bras avant de fixer la jeune inconnue, dubitatif. Comment pourrait-il quitter les locaux de U-Corp avec elle sans éveiller aucun soupçon ? Sachant que Victoria Bartlett devait être aux aguets et que la moindre animation suspecte la mettrait en alerte.

« … je ne peux pas vous emmener avec moi, et encore moins vous laisser là… vous saurez retrouver le chemin ? »

Notre protagoniste attendit alors la réponse de la jeune femme. Il était grand temps pour lui de fermer boutique et de rentrer chez lui. Le week-end s’annonçait extrêmement reposant !