La nuit était déjà bien avancée lorsque le baron du plaisir quitta son quartier rouge. Montant sur une voiture sombre, il se dirigeait tout droit vers la banlieue Est située à l'opposée de sa localisation actuelle. Une zone délabrée et abandonnée où roupillaient sur les trottoirs des clochards ainsi que des voyous.

Je descendis du véhicule et d'un simple signe de tête, j'indiquai à mon chauffeur de venir me chercher quelques heures plus tard. Sur le chemin qui me séparait du lieu de rendez-vous, je prenais tout mon temps pour contempler le paysage nocturne et savourer les heures tardives de la nuit. La température avait fortement baissée contrairement en journée où il faisait très chaud. Je pouvais ressentir le vent frais qui venait souffler sur ma peau, sentir la douce odeur du soir et respirer la tranquillité. Je me mit à observer le ciel tout en continuant d'avancer. Un ciel sombre et qui pourtant était si lumineux à la fois, éclairé par des centaines de milliers d'étoiles qui guidaient mon chemin à travers ces nombreux bâtiments en ruines. Ces astres scintillantes paraissaient tellement réelles, alors qu'en réalité elles n'existaient déjà plus. Ce que nous voyions n'était que le passée de ce qu'elles étaient, avant qu'elles ne se détruisent en mille morceaux. C'était bien étrange, nous qui faisions tant confiance à nos yeux, ce simple exemple prouve le contraire de ce que nous avions toujours cru. Nous étions bercé dans un monde illusoire, où tout était rempli de mensonges. Qu'il s'agissait de ces paysages ou bien de cette société qui nous gouvernait, nous n'étions que des enfants croyant mot pour mot les fausses paroles de chacun. Pourtant, je voyais une certaine beauté en ce monde d'illusions. Ces étoiles étaient magnifiques malgré le fait qu'elles n'existaient plus sous nos yeux, ce monde était magnifique malgré les mensonges qui l'alimentaient. Je l'aimais ce monde composé d'imbéciles et d'idiots, les observer ramper comme des fourmis, se donner le meilleur de soi-même pour finalement échouer, n'était-ce pas hilarant ? Je baissai mon regard pour observer mes alentours, que d'innombrables décombres ne formant plus qu'un amas d'ombre. C'était un bien jolie contraste, entre cet univers infini flottant juste au dessus de notre tête représentant la liberté, et cette banlieue morte qui n'était plus qu'une terre abandonnée apparaissant comme une cage qui nous retenait.

Je me rapprochais du lieu où l'on m'avait donné rendez-vous. Un homme âgé d'une quarantaine d'années vêtu d'un uniforme sale et déchiré était déjà là, à nous attendre. Il était assis sur un gros tuyau de fer éclairé par un lampadaire qui ne cessait de clignoter. J'avais alors un gilet noir recouvrant une partie de mes tatouages et je portais des lunettes sombres pour cacher mes pupilles. J'avançais d'un pas puis deux en sa direction, affichant un de ces sourires mensonger sur mon visage je salua ce dernier.

" Bonsoir David ! Comment vas-tu ?

- Oh Kanda ! Mais je vais très bien ! Haha, et toi ? Comment ça se passe ? Toujours à la recherche de petits jobs ? Haha.

- Laisse tomber, tu trouveras jamais' ! Surgit alors une troisième voix qui vint me donner une tape à l'épaule. Yo Kanda, David'!

- Bonsoir Jasdero. Fis-je avec un sourire.

Jasdero et David étaient deux hommes ayant tout perdu, que ce soit leur famille ou bien leur argent, ils n'avaient plus rien à eux. Ils n'étaient que deux déchets de la société qui vivaient actuellement sur les trottoirs de la banlieue Est, deux insectes insignifiants parmi tant d'autres. Cependant, j'avais l'intime conviction qu'ils pourraient un jour m'être utile dans mes projets personnels, c'était l'une des raison qui me poussait à les fréquenter. Il ne s'agissait que d'un passe temps, venir les écouter raconter leurs histoires tout en buvant une bière ou deux avec une cigarette à la main.

" Il ne manque plus que la p'tite dernière du coup' ?

- La petite dernière ? Haha tu fais référence à..

J'observai ma montre, il était presque minuit pile, la réunion n'allait pas tarder à débuter. Il ne manquait plus que l'arrivée de la dernière membre du groupe, la dernière, la seule femme parmi les trois hommes..

- S't'as encore oublié mon nom t'es mort, David.

- Oups, elle m'a entendu.. ha..

Surgissant de nul part, une jeune demoiselle aux cheveux noirs apparut depuis l'ombre des lampadaires. Il s'agissait de la petite dernière du groupe, Gwendolyn Johnson également appelée Gwen - renommée par David "la petite dernière" pour la taquiner, sûrement dû au fait qu'elle était la seule femme de la bande et la dernière l'ayant rejoins. Mais à mes yeux, je dirais de ne pas la sous-estimer comme le voudrait son surnom. Cette dernière semblait cacher des choses, je ne saurais dire quoi exactement, mais j'avais l'intime sentiment qu'elle ne disait pas tout dans ses propos. Rien qu'à voir son apparence d'avantage plus soignée que les deux autres, on pouvait deviner qu'elle n'était pas un chien errant. Elle se disait être une femme perdu qui était tout comme celui que j'étais, elle cherchait des petits boulots par-ci par-là. Pourquoi une demoiselle telle qu'elle viendrait à rejoindre notre bande ? Les circonstances de notre première rencontre remontaient à bien longtemps.. J'avais beau me méfier d'elle, je continuais de lui afficher un sourire naturel pour n'éveiller aucun soupçon. Elle comme moi, sur beaucoup de points nous nous différencions des deux autres, pourtant nous les imitions, nous participions aux discussions, rions de leurs blagues, jouions avec eux.

- Bonsoir Gwen ! Je suppose oui, on attendait plus que toi.

À ces mots, nous nous dirigeâmes à travers une petite ruelle qui menait vers un restaurant délabré dont l'enseigne ne tardait plus à tomber. Sale apparence, presque tous les autres commerces aux alentours étaient dans ce même état. Cependant, celui-ci l'était d'avantage encore, mais cela ne nous dérangeait pas plus que cela, car c'était le moins cher des tous. Nous qui n'avions que le peu d'argent que nous ramassions au sol par jour, c'était le lieu idéal notamment lorsque l'on connaissait bien le patron. Nous étions les habitués du bar, mais également les seuls clients. Jasdero passa l'entrée où il n'y avait même plus de porte, puis sans gêne il prit place sur le comptoir. Un à un, nous le rejoignons prenant une chaise au hasard à ses côtés. Le doyen du groupe commença par commander quelques bouteilles de bières, les moins chères possible. Intérieurement je ne pouvais que rire, moi qui étais un habitué du luxe savais également jouer aux plus pauvres en marchant aux côtés de ces insectes.. Peut-être parce que je suis né de cette boue et que je me suis déjà habitué à me baigner dedans ?

" Allez on commence avec quatre bouteilles, s'vous plait patron ! haha !

- Encore toi ? Mais ce bar est devenu votre base ou quoi ?!

- Allez rigole !

- On est tes seuls clients de tout'façon' !

Le patron esquissa un sourire puis nous sorti notre commande du frigo. Il commençait à s'y faire, puis notre venue le réjouissait malgré ce qu'il laissait croire. David me tendit un bouteille que j'acceptai avec une chaleureuse expression sur le visage. Quitter le royaume souterrain où les vins rouges de haute qualité étaient tous gratuits, pour venir boire une bière dont le goût ressemblait d'avantage à de la pisse, parfois je me demandais ce qui me traversait la tête. Juste pour faire passer le temps et manipuler des insectes, hum ? Je savais apprécier le goût de la misère et de la pauvreté, je retira le bouchon de la bouteille pour porter celle-ci à mes lèvres et boire quelques bonnes gorgées. Entamer une discussion autour d'une bière, c'était devenu notre habitude pour profiter du bon temps. Puis, certaines histoires du vieux David étaient amusantes. Lorsque l'on vieilli on a d'avantages de choses à raconter, non ?

Gwen nous fit une démonstration de son talent, il s'agissait sans nul doute du résulta après de longues heures d'entraînement passées durant ses stages. Ce spectacle nous permit de lancer la discussion, poussant des cris par-ci par-là. On se pétait une barre pour tout et pour rien, il ne fallait vraiment pas grand chose pour que l'on commence et que l'on ne finisse plus. Comme toute la bande, je participais aux délires et riais aux éclats. J'étais étonnamment doué pour jouer la comédie, notamment en compagnie de ces vermines. Il me suffisait simplement de les observer pour faire pareil qu'eux : affichant un sourire innocent en permanence, parler fort tout en mâchant des syllabes, et rire à tout bout de champ sans réelle raison valable. C'était ainsi que l'on passait nos soirées, contrairement à ce que pourrait le croire certains, les heures passaient vites. Il s'agissait d'une manière pour moi de profiter du bon temps qui m'était accordé.

David était assis à côté de moi, il ne cessait de rire sans arrêt. Même lorsqu'il buvait, il ne cessait de continuer. Je lui donnai un coup de coude, puis d'un sourire moqueur je me rapprochai de lui.

" Si tu ne fais pas plus attention tu vas t'étouffer ! Je me demande de qui tu tiens ce rire bizarre..

- Haha ça c'est c'que tu ne pourras jamais' comprendre ! T'vois, mon rire est différent du tien et des autres, c'est ce qui fait mon o'ginal'té ! Hic !

- L'excuuuuuuuse !

- "Originalité", David, apprend à parler ! Tu sembles avoir le hoquet maintenant..

- AAAAH !! Mais toi ! Je t'ai à l'œil ! Haha ! T'as pas intérêt' à m'faire peur comme la dernière fois ! Sous prétexte que tu "veux me délivrer de cette souffrance que d'avoir le hoquet".. Gna Gna, j'te connais bien maint'nant tu verras quand ça sera ton tour, Haha ! Hic ! Hic !

Il fallait bien avouer que ça avait tout de même fonctionné ♥︎ Juste après tu n'émettais plus ce bruit bizarre qui ressemblait au grignotement d'un écureuil. Une fois qu'il eut fini sa bouteille, il commença à nous raconter l'une de ses fabuleuses aventures lorsqu'il parti acheter une cuvette pour ses toilettes. D'un air surpris, alors que je terminais ma troisième bière, je lui coupa la parole pour m'incruster dans la discussion.

" Dis-moi, depuis quand tu as un "chez-toi" ? Enfin, je demanderais même, depuis quand tu as des toilettes ? J'avais cru comprendre que t'étais fauché, n'est-ce pas toujours le cas ?

- Les gars comme vous, qui cherchent du boulot sans jamais trouver, ne pourront jamais comprendre ce que ça fait d'être tellement riche que notre maison devient la rue entière !

- Haha ! T'vois quand on a autant d'argent que moi, même plus besoin d'se casser la tête avec tout ça ! C'que l'on voit, c'est c'qui nous appartient ! Il me fallait simplement creuser un trou et placer des cuvettes dessus pour appeler ça "toilette". Fin bon', du coup j'ai demandé de l'aide à la vendeuse — entre-nous, faut l'avouer elle était une véritable beauté terrestre ! — l'autorisation pour l'essayer.. Parce'que bon, on peut savoir si c'est confortable uniquement en essayant soi-même !

Une autre drôle de bizarrerie qu'aimait nous racontait le vieux David. Cette fois-ci je n'eut pas à le reprendre, Gwen s'en était chargé à ma place. Il semblerait qu'il était le plus étrange de nous tous, néanmoins on s'amusait bien avec lui. Je continuais de rire à chacune de ses blagues, sans jamais m'en lasser. C'était tout de même un personnage vraiment étrange, qui croirait qu'il puisse existe quelqu'un d'aussi stupide que lui ? Lorsqu'il eut fini avec ses récits de ses aventures au super-marché, il poursuivit avec ses histoires pleines de romantisme. Il nous raconta d'abord celle où il avait rencontré sa neuvième femme, du nom de Kira. Il enchaîna avec sa dixième puis onzième campagne. Parfois, j'avais le doute s'il disait la vérité concernant ses amours folles..

David n'était pas fait pour une relation durable. Lorsque l'on devenait une ordure des rues de la banlieue Est, il était presque impossible de retourner à une vie aisée. Se trouver une campagne belle et bien élevée pour fonder une famille et vivre de beaux jours heureux n'étaient que des rêves inespérés pour ces deux-là. Rire de ces absurdités était là meilleure façon pour eux d'oublier leurs peines. Sans doute que ces femmes : Kira, Sarah, étaient les noms de celles qu'il aurait aimé s'il avait eu une autre vie. Je pouvais comprendre ces sentiments qui raccrochaient un homme à une femme, car j'étais moi-même l'un de ces derniers. Je suis également l'un de ceux qui sont obsédés par la beauté des éléments, je suis moi-même tombé amoureux de cette lumière. Lorsque je l'entendis raconter pour la première fois ses histoires romanesques, cela me parut assez étrange de savoir que même un clochard des rues puisse ressentir un sentiment comme celui-ci. À force de rencontrer des clients du quartier chaud, je finis par me rendre compte que tous les hommes, mais pas seulement eux, les femmes elles-mêmes l'étaient également. Les personnes venaient réclamer une nuit de plaisir sous des draps chauds, pour la plupart du temps il s'agissait de satisfaire nos désirs de luxure, mais également une solution pour s'évader et oublier.. Peut-être que ces deux là cherchaient également une chance de goûter aux plaisirs d'une belle nuit en compagnie de dames solitaires ? Le nombre de campagne ne signifiait pas grand chose, contrairement aux paroles de Gwen, seulement le nombre d'amours que tu as désiré. Je me contenta de rire en cœur avec eux.

La longue discussion semblait s'éterniser sur ces récits d'aventures. Gwen le fit vite remarquer en interrompant jasdero qui semblait s'être lancé à la place de David. Alors comme ça la demoiselle veut jouer à un jeu ? Divertir les clients était l'une des choses que je savais faire mieux, pour cela quoi de meilleur que quelques jeux pour monter l'ambiance ?

" Patron, vous n'auriez pas un jeu de carte qui traînerait quelque part ?

- Votre base, c'est ce que je dis. Vous venez trop fréquemment, à force vous faites comme chez vous. Regardez moi ce vacarme sans compter le bordel ! Puis sans gène vous allez jouer jusqu'à vous foutre à poil en plein dans mon Resto ? Et mon commerce alors ? — et allez pas me dire que je dis faux, car ça se lit rien qu'à ton regard !

- T'as pas d'commerce ni même de clients, j'te rappelle !

C'etait pour se donner l'air d'avoir un travail qu'il disait sans cesse que l'on lui ruinait son restaurant ? Vu l'état, je dirais même le contraire, on le lui réanimait. En venant aussi fréquemment dans ce restaurant, le patron a déjà dû assister à tous les récits de David. Selon cette règle on pouvait déjà le considérer comme un membre de notre bande. D'ailleurs, bien qu'il ne parlait pas le plus, il aimait bien se moquer de notre doyen. Cependant, sans doute que parmis nous il préférait...
Jasdero se rapprocha de lui, puis lui tira à l'oreille pour y chuchoter quelques mots.

" Sans nous tu n'as j'mais de clients, t'ne vois quasiment j'mais d'nana si c'n'est que notr'Gwen, j'me trompe' ? Avoué qu'tu rêves de la voir à poil..

Des mots mystérieux qui eurent effet comme une incantation. Entre deux bouteilles d'alcool, le patron nous sorti un vieux paquet de cartes tout déchiqueté mais tout à fait utilisable qu'il me balança à la figure. D'un sourire simplet je m'adressait à tous les autres membres.

"Vous connaissez les règles je suppose ? Nous n'avons pas besoin de revoir tout ça.. "

Nous nous installâmes ensuite autour d'une table, avec un duel de regard.

J'avais à ma droite David et à ma gauche Jasdero, par conséquent Gwen se retrouvait donc en face de moi. Pendant que je commençais à faire la distribution des cartes, le vieux David expliquait les règles à la jeune demoiselle. Il fallait avouer qu'il était très mauvais, même moi qui connaissait tellement bien le jeu, je ne comprenais pas un seul mot de ses explications. Une fois que chaque joueur avait cinq cartes en main, j'adressai un gentille sourire envers ma partenaire de jeu.

" Pour faire simple nous jouerons avec les règles du Five Card draw. L'argent ne sera pas à parier comme deux personnes parmi nous n'ont pas les moyens. Nous enlèverons par couche de vêtement, jusqu'à ce que l'un de nous se retrouve sans rien. Enfin, si à la toute fin, le dernier refuse de perdre, on peut également lui donner un gage.. "

Il était sans doute inutile de préciser que l'on repartait sans ses vêtements, mh ? Ni même que quiconque déroge à la règle recevra une sentence maximale ? J'attendis que chacun regarde son paquet avant de lever le mien en toute discrétion. Je souriais rien qu'en voyant celui-ci, puis derrière mes cartes j'observais le visage de mes adversaires. Selon leur expression on pouvait deviner assez facilement ce qu'ils tenaient entre leurs mains, de ce fait il était tout aussi important de faire mine d'avoir de bonnes cartes. Je pouvais lire sur Jasdero un visage joyeux qu'il tentait désespérément de cacher, puis sur David une expression de déception, tandis que Gwen restait toujours aussi neutre. Devrais-je supposer qu'elle avait de mauvaises cartes ? Ou bien cachait-elle son jeu ? Rien n'était encore joué étant donné que tout pouvait encore changer. Je pouvais en dire pas mal avec ces nombreuses années d'expériences derrière moi, d'autant plus que je restais le baron du plaisir, bien que l'atmosphère ici était bien différent du quartier rouge, encore une fois. Les parties privées avec les bourgeois se faisaient dans une chambre séparée avec des canapés rouges ainsi que des coussins, la température est plus élevée avec une légère musique d'ambiance et une lumière rougeoyant. Contrairement à ici, où il faisait plutôt froid surtout si on retirait nos gilets et où le bois de nos chaises était délabré avec une lumière clignotante sur le point de s'éteindre, mais qu'importe. Ce n'était pas ce qui nous empêchait, nous pauvres, de nous amuser. Alors, juste avant de débuter le tirage, tous nos regards se fixèrent sur le doyen de la partie à la réflexion de Gwen.

- Non négociable ! Fis-je d'un air amusé.

- Non négociable ! Disait celui qui avait de bonnes de cartes.

- Non négociable ! Commentait le spectateur.

- Ah mais non, mais ça va hein ! S'rtout tout le spec'tateur ! J'veux pas d'commentaires d't'part ! S'rtout qu't'joues même pas ! Avoue' que t'viens juste pour voir la seule nana parmi nous à poil ! Pouaf ! Ronchonna le dernier.

Il continua de s'y opposer faisant retarder le jeu, de gré ou de force, nous parvînmes à lui retirer ses manteaux jusqu'à ce qu'il ne reste que son pull noir et un tee-shirt blanc à l'intérieur.

HRP:

hrp:

Étrange, pour une raison ou une autre je me retrouvais avec deux cartes en main et cinq cartes étalées au milieu de la table. Il me suffisait de quelques instants pour comprendre que cette partie n'avait rien d'un Five Card Draw, mais elle semblait plutôt être un Holding Texas.. Je jetais un coup d'œil au patron qui n'était pas très loin de moi. Je tentais de le remettre en doute sur sa distribution, mais il ne semblait n'avoir rien remarqué.. Ce n'était pas très gênant encore, néanmoins, ces règles ne correspondaient pas vraiment si l'on jouait pour mettre à poil les adversaires. J'avais bien fais de préciser le "Five Card Draw", évidemment le Five désigne cinq en anglais. Devais-je comprendre qu'il ne maitrisait pas cette langue ? Intérieurement je poussais un long soupire, ces personnes de la banlieue Est étaient vraiment des voyous de rue incultes. Il s'agissait pourtant de la deuxième et dernière langue parlée au siège, il n'était pas rare d'avoir à s'en servir. Qu'importe, je ferais avec, ne montrant rien de mes impressions sur mon visage qui restait mystérieux pour cacher mon jeu. Lorsque le patron déclara la fin de cette manche, chacun devait montrer ses cartes. Sans grande surprise, je vis Jasdero prendre la première place de cette partie, puis David et Gwen en fin de file. En dernier, je dévoila mon jeu qui n'était certes, pas fameux, mais qui me maintenait à la seconde place ce qui m'évitait de retirer mon gilet. J'allais peut-être pouvoir éviter de tomber malade, une bonne chose en ce temps hivernale. Je tournai mon regard en direction de la jeune femme, ainsi que les trois autres hommes qui la regardaient fixement. Il n'y avait pas besoin d'être télépathe pour lire à travers les pensées de David. Non seulement il pouvait s'estimer heureux de ne pas être le dernier, mais en plus il allait avoir le droit de voir la petite dernière retirer une couche. En réalité, le barman, Jasdero et le doyen n'avait qu'une seule envie : celle de voir Gwen perdre ! Pour ma part, je trouvais plutôt amusant de voir leur tête d'ahuri. Je n'étais pas contre, ça s'annonçait plutôt intéressant. Quel était sa réaction ? Elle n'était peut-être pas la première que j'eus connu, mais elle restait la seule fille de notre bande et la seule dans ce magasin délabré — à moins que le patron n'ait caché une femme quelque part..?

" Ah mais hum' pas le droit' d'le regretter maint'nant hein ! C'est' trop'tard hé ! Se ventait l'avant dernier.

- Dit celui qui l'a échappé belle. Remercie la, David, sinon tu serais bien à sa place !héhé

- C'est c'qui arrive bande de peeeeerdants ! Allez Gwen ! Encourageait celui qui eut le mérite d'être premier.

- Bande de geux, pff ! De tout'façon les règles sont fixées, en tant qu'arbitre j'ne tolère aucune exception' ! " Proclamait celui qui était de trop.

On remarquait évidemment le commentaire en trop plus du patron, d'autant qu'il ne risquait rien, lui. Enfin qu'importe, personne n'avait envie de voir les abdos ramollis d'un vieux barman.. C'était sous les yeux ébahis que la demoiselle allait devoir assumer sa défaite.