Il ne s'agissait que de simples rumeurs qui volaient de bouche à oreille, mais peu à peu, elles prenaient de l'ampleur. La baronne du plaisir ne comptait pas attendre que ces dires se révèlent être vrais pour se décider à agir. Non, elle se devait de prendre les rênes et d'aller confirmer tout cela.
On disait qu'un certain homme de politique, riche comme n'importe quel autre imbécile de sa sphère, commençait à s'intéresser aux quartiers chauds. Pas dans le sens de vouloir passer une nuit en tant qu'invité, mais dans le but de lui nuire. Ses recherches avançaient et risquaient d'atteindre tôt ou tard les quartiers souterrains. À ce moment-là, il sera trop tard, ces quartiers situés sous la banlieue Ouest sont d'une importance cruciale pour tout le Gang. Par précaution, elle allait devoir confirmer ses agissements, puis s'il s'avérait être dangereux, elle l'éliminerait sans hésitation. L'unique problème qui l'empêchait de tuer cet homme était sa popularité auprès du public ; politicien et aussi Directeur d'une branche à part de la police, inspecteur des criminels du siège. Tenter un assassinat au grand jour risquerait d'attirer plus d'ennuis encore, c'est pour cette raison qu'elle devait obtenir un maximum d'informations. Des documents, son quotidien, tout renseignements pouvaient être utiles. Cependant, la jeune femme n'avait pas le temps de s'y rendre elle-même, elle venait d'être convoquée par Kurkov. L'idée de devoir obéir au chef du Gang au doigt et à l'œil lui donnait envie de gerber, pourtant elle devait tout de même s'y rendre pour jouer le gentil toutou qu'elle était.Pff.. Il était hors de question pour elle de demander au baron du réseau de lui prêter main forte, il s'agissait pour le moment de son affaire personnelle. C'était elle, la maîtresse de ces quartiers de prostituées, elle avait bien trop de fierté pour demander de l'aide à quiconque. Elle allait donc devoir engager quelqu'un d'autre qu'un membre du Gang, mais qui ? C'est alors qu'elle tomba sur un jeune espion qui semblait avoir belle renommée, le tout pour pas cher.. Sans grande difficulté, elle parvint à se dénicher le numéro de ce dernier pour l'embaucher.

SMS:

Un message envoyé à partir d'un portable d'un quelconque individu pour empêcher les autorités de la retracer, en espérant que ce dernier ne soit pas un sombre crétin au point d'oublier d'effacer le message. Sans même lui donner son nom, sans préciser qu'elle était la baronne du réseau, elle ne lui envoya que le strict minimum de ce qu'il devait savoir.

Les quelques jours passèrent, l'homme devait venir à la banlieue Ouest pour passer les informations en main propre à la baronne. Il s'agissait de leur première rencontre, la jeune femme avait chargé son larbin d'aller le chercher et de le traîner dans l'une des grandes salles situées au niveau des égouts, là où ils ne seront pas dérangés. Cela faisait 15 minutes, après avoir fini ses affaires, Arya se décida à partir. Traversant ces longs couloirs crasseux avec une odeur nauséabonde qui flottait dans l'atmosphère, on pouvait entendre résonner ses talons qui claquaient sur le sol. Un bruit qui faisait tel un écho à travers tout le tunnel annonçant sa venue. Elle était vêtue d'une veste en cuire et d'un short en jean, des bottes noires montaient jusqu'au dessus de ses genoux. Affichant un charmant sourire sur ses lèvres teintées de pourpre et un regard perçant qui traçait son chemin. L'espion devait sûrement être en train de l'attendre, se rapprochant à grande vitesse, elle marqua son dernier pas par un bruit plus sonore que les précédents pour bien marquer sa présence. Se présentait en face d'elle un petit con stupide, mais qui détenait ce qu'elle voulait. Cachant son envie à lui cracher dessus par des doux yeux qui le fixaient constamment.

" Alors ? Où est ce que je t'ai demandé ? "

Pas même une salutation, oubliant les paroles inutiles pour aller droit au but. Sa carrure n'était pas spécialement incroyable, mais l'aura qu'elle dégageait la rendait imposante. C'était elle qui l'avait engagé, elle était le patron et lui l'employé. Passant sa main droite dans la poche de sa veste, elle sortit une enveloppe bourrée de fric qu'elle agitait sous les yeux de l'espion. Elle attendait que celui-ci sorte également son dû pour pouvoir le lui donner..
À l'arrière se tenait un jeune homme à l'air dépressif, le "larbin" de la baronne qui resta silencieux tout le long. Il attendait simplement les ordres de celle-ci, sachant parfaitement qu'il allait devoir reconduire l'invité vers la sortie.

La baronne attrapa la clé qu'elle rangea dans sa poche avant de balancer l'enveloppe contenant l'argent en direction du jeune homme. Sans un mot de plus, l'espion la remercia puis se dirigea vers la sortie située derrière lui. Ce dernier, le dos tourné, n'avait pas pu voir le large sourire qui s'était tracé sur le visage de la jeune femme. Un sourire manipulateur et un regard plein de confiance, il était bien souvent difficile de comprendre ses réelles intentions..

" Alias hum..? " Murmurait-elle silencieusement.

L'observant quitter peu à peu la salle, il ne désirait pas que l'on le raccompagne jusqu'à la sortie. Il n'avait pas l'air d'avoir conscience du lieu dans lequel il se trouvait. Ne t'avons jamais dit de ne pas suivre n'importe qui ? Ne t'avons jamais dit de faire attention à là où tu vas ? Il se trouvait actuellement dans le nid des criminelles, une véritable galerie souterraine remplie de fourmis.. Arya l'avait engagé à son compte personnel, personne n'avait été mit au courant de sa venue. Si jamais sur le chemin du retour il croisait un membre du Gang hostile à sa présence, il risquerait de payer le prix cher. Ce dernier pourra toujours dénoncer la baronne, mais celle-ci trouvera une solution pour s'en sortir et il sera le seul à subir les conséquences. Cependant, si elle pouvait éviter de s'attirer plus d'ennuis que ce qu'elle n'avait déjà, ça serait avec plaisir.
Elle jeta un simple regard en direction du jeune homme aux multiples tatouages posté au fond de la salle. Il comprit rapidement qu'il devait aller raccompagner ce très cher invité. Puis suite à cela, la jeune femme quitta également la pièce. Elle partit dans sa chambre pour tranquillement, décortiquer toutes ces informations sur son ordinateur.

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Je me tenais debout, immobile, près de la porte d'entrée avec les mains dans les poches. Sans faire un bruit, j'écoutais et observais attentivement leurs faits et gestes. L'espion était plutôt silencieux et confiant de ses capacités, aussitôt qu'il obtint son argent il quitta la pièce. Il ne semblait pas vouloir passer plus de temps que ce qu'il n'en fallait, j'hésitais quelques instants à l'accompagner. Cependant, aucun ordre ne m'avait été donné, je tournai mon regard vers la baronne qui à ce moment souriait sur place. Ce sourire fourbe.. Quelque chose était étrange. Il ne s'agissait pas de la première fois que je la suivais, les précédentes rencontres, elle n'avait jamais donné autant d'argent. Une enveloppe qui paraissait bien remplie. Je ne connaissais pas le montant exact, mais il m'avait l'air bien absurde. Cette expression sur son visage me disait qu'elle venait de lui mentir sur le contenu de l'enveloppe.. Mais qu'importe, il ne s'agissait pas de mes affaires..
Ses pupilles bleu croisèrent les miens, elle me demandait sans doute que j'aille m'occuper de cet invité. Je ne l'appréciais pas cette femme, pourtant je n'avais pas le choix de refuser ses ordres. J'accélérai ma course pour tenter de rattraper l'espion. Un bruit beaucoup moins sonore mais toujours perceptible résonnait dans ces couloirs au sol plaqué de métal. En suivant ce son, je vis une silhouette fine au bout du chemin. C'était l'espion qui venait de prendre le mauvais tournant, il semblait s'en être également rendu compte. Je me rapprochais de lui, toujours avec un regard terne, je lui fis un léger signe le priant de me suivre. Nous marchons alors silencieusement, toujours sans aucune parole à travers ces tunnels. De temps à autre, je me retournais pour lui jeter quelques coups d'œil afin de m'assurer qu'il me suivait bien. Nous prîmes ensuite un ascenseur qui allait nous permettre de remonter à la surface.
Je devais me dépêcher si je ne voulais pas que la baronne ne m'arrache les yeux pour mon retard. Le ramenant sur terre, je restais dans l'ascenseur puis j'attendis qu'il s'éloigne un peu pour redescendre. À ma grande surprise, il me tendit une main pour me remercier..? Je n'avais pourtant rien fait qui mériterait d'être remercié.. Certainement par politesse comme on me l'avait expliqué, je serrai la main qui se tendait à moi.

" .. De rien.

Peut-être parce qu'il m'avait dit "merci" et qu'il s'agissait l'une des rare fois pour ne pas dire seule fois.

Cela ne me concerne pas, mais je pense que tu devrais vérifier le contenu de ton enveloppe correctement.. Chuchotais-je à voix basse.

C'était sans importance, il était peu probable que je le revoie un jour, à moins que la baronne ne se décide à le réembaucher..

Alors que je m'apprêtais à relâcher sa main, une étrange sensation s'empara de moi. Je lui serrai le poignet de telle sorte à ne plus le relâcher, puis d'un geste brusque je le tira vers moi. À vrai dire, moi-même, je ne comprenais pas pourquoi j'agissais ainsi. Non, en fait, je ne me rendais pas compte que j'agissais ainsi. Instinctivement, je rapprochais mon visage du siens. Je ressentais en moi, comme une fatigue accumulée. Une paisible douceur qui m'endormait, peu à peu, je laissai mes délicates paupières tomber. Ma vision était trouble, ou bien mes souvenirs de ce que j'avais vus sont troubles. Je collai mon front contre le sien, je ne me contrôlais plus moi-même. Un agréable sentiment de sérénité naissait dans mon esprit, la douleur sur mon corps venait de s'envoler soudainement.. Je me suis laissé aller, me rapprochant d'avantage de telle sorte à pouvoir ressentir son toucher du bout de mes lèvres.

À peine quelques minutes plus tôt, je ressentais encore ces brûlures présentes le long de mon dos. Cette douleur me parcourrait dans tout le corps, de haut en bas, me rappelant à chaque instant ce que voulait dire "avoir mal". Je souffrais de ces bleus aux bras, de ces plaies au niveau des jambes. Toutes ces blessures rendaient cette douleur insupportable, elle rongeait peu à peu chaque parcelle de mon être. Pourtant, lorsque ma peau effleura la sienne, toute cette souffrance s'envola. Comme si elle n'avait jamais existé, puis laissa en moi une sensation que je n'avais jamais ressentie auparavant. Une sensation nouvelle, une sensation étrange.. Elle était indescriptible avec les mots, pour la comprendre, il fallait la ressentir par soi-même. Ce sentiment d'être en sécurité, d'être à l'abri de tout danger, ce sentiment qui me donnait envie d'en réclamer plus. Plus de cette chaleur, de cette tendresse, d'en voir plus de ce doux rêve dans lequel je dormais actuellement.. Ses lèvres pulpeuses vinrent se coller aux miennes me procurant un certain plaisir. Je sentais ses mains monter le long de mon dos, qui normalement aurait dû me faire plier de douleur, pourtant aucun cri ne sortit de ma bouche. J'avais l'impression qu'il venait de m'effacer ces blessures. Ses longs doigts fins venaient s'agripper à moi, tandis que les miens vinrent lui caresser la joue. Cette sensation, ce sentiment, était comme de la gourmandise. J'en désirais plus que ce que je ne devrais, je voulais continuer ainsi et poursuivre.. Juste pendant un très bref instant, l'éternité apparue sous mes yeux. Cette illusion qui me plongea dans un rêve de nuages blancs. Ma propre volonté m'obligeait à n'apporter aucune résistance, elle me donnait envie d'en avoir plus. Comme si je venais de goûter à l'un des plus délicats mets de ce monde, je voulais reprendre une bouchée de cette sucrerie. Timidement, puis peu à peu avidement, ma langue vint chercher la sienne, cherchant d'avantage ce réconfort.

Les deux jeunes hommes auraient pu continuer ainsi indéfiniment sans jamais voir la fin venir, pourtant tout commencement aura une fin. La sirène d'alarme d'une voiture passa juste à côté du duo. Par ce bruit soudain, l'homme aux multiples tatouages lâcha prise sur l'espion, ils rompirent tout contact physique. Chacun semblait déboussolé par ce qu'il venait de se produire. Après un moment de silence, le jeune espion reprit son gant tombé au sol puis salua Lag Seeing avant de le quitter. Ce dernier restait immobile à l'observer partir, son ombre disparaissait peu à peu vers la direction de la rue. Une, puis deux minutes s'écoulèrent pour qu'il ne reprenne ses esprits. Il ne semblait pas avoir l'entière conscience. Calmement, sa main gauche vint lui tenir la tête et il observait son autre main repliée en poing.

Cette main droite, cette main qui avait attrapé son poignet, je l'observais avec mes yeux écarquillés. Je n'arrivais à savoir s'il s'agissait de la réalité, mon esprit était encore trop confus. Alors, je la serrais, très fort, jusqu'à me rentrer mes ongles dans la peau, puis des petites perles rouges apparurent au bout. Il s'agissait de mon propre sang, je reconnaissais bien là cette couleur écarlate. Je ressentais les picotements sur ma paume, la douleur venait me confirmer que j'étais actuellement dans cette cruelle réalité. Peu à peu, je me réveillais. Ce sentiment de sérénité disparaissait lentement de mon esprit, me laissant un vide qui se remplit par les douleurs de mes blessures qui nourrissaient l'intégralité de mon corps.. Oui, actuellement, je me situais face à l'un de ces ascenseurs qui menaient au quartier souterrain, si je ne me dépêchais pas, la baronne voudra ma peau. Seulement quelques instants se sont écoulés, je me dépêchai de redescendre sous terre pour me hâter vers cette femme qui m'appelait. Ma journée n'était pas finie, j'avais de nouveaux ordres. J'affichais à nouveau cet air dépressif, neutre, je traversais ces couloirs silencieux qui menaient au quartier chaud. (Apparemment un client a refusé de payer.) Intérieurement, j'avais l'esprit perdu dans mes pensées. Je cherchais à comprendre ce qu'il s'était produit. Je n'étais pourtant pas attiré par cet individu, il ne m'apparaissait que comme l'un de ces idiots qui avait été trompé par Arya. Alors pourquoi me suis-je lancé sur lui ? En fermant les yeux, je pouvais encore ressentir la douceur de sa peau qui venait caresser la mienne. Rien que d'y penser, j'en rêvais. D'avantage et encore plus, je voulais juste encore une fois ressentir la chaleur de son corps. Elle me procurait un bonheur incomparable, nul doute, moi qui ne ressentais que très peu de ces joies. Pourtant, elle était légèrement différente de celle que j'ai connue une fois. Une partie de moi voulait goûter à nouveau de ce rêve, tandis qu'une autre voulait comprendre ce qu'il s'était produit..

HRP: