Une journée banale au Siège. Dans mon appartement, je venais de finir de boire une tasse de café que je déposais dans l’évier grâce à mon pouvoir. Celle-ci éclata en mille morceaux. Difficile parfois de maîtriser un tel pouvoir parfaitement bien. Mais je ne pouvais me retenir d’imaginer un corps au lieu de cette tasse… J’allais devoir me concentrer davantage si je ne voulais pas qu’un innocent y passe. Enfin bref, je continuais de tenter d’améliorer tout cela en ramassant par la force de mon esprit les morceaux de porcelaine. Une fois au-dessus du lavabo, je relâchais mon attention tandis que l’ensemble du puzzle tomba à l’intérieur. Je jetterais ces morceaux à la poubelle une autre fois.

Je me mis assis confortablement sur mon canapé, les jambes croisées sur ma table basse tout en observant par la fenêtre le Siège. Les contrats arrivèrent massivement jadis, mais désormais ils étaient un peu moins présents. Devais-je partir à la quête d’une personne souhaitant voir mort un individu en particulier ? Nan parce que, concrètement, tout le monde a envie de tuer quelqu’un… Heureusement qu’il y a des gens comme nous pour faire le sale boulot. Mais on avait beau dire, ça payait bien ! Plusieurs milliers de crédits pour une personne lambda, et lorsqu’il s’agissait de hautes personnalités tel qu’un politicien, un haut gradé dans la hiérarchie de la Police ou encore des mafieux, le tarif pouvait considérablement augmenter !

Quoi qu’il en soit, je patientais calmement. Quelqu’un finirait bien par toquer à ma porte. C’est en tout cas ce que je pensais. En effet, je me relevai rapidement et avec méfiance je guettais le long du couloir. Un long couloir dans lequel se trouvait une silhouette. Une fine silhouette. C’était une femme, ou un homme très efféminé ! Je gardais mon calme : ma profession m’avait entraîné à garder un sang-froid sans égal. Je dévisage l’individu de haut en bas, tout en restant concentré.

« Je crois pas que tu sois autorisé à être là. » Dis-je calmement mais fermement pour bien lui faire comprendre l’objet du délit dont elle est l’auteur ! « Alors on va faire quoi ? Je te sors de force, ou tu pars sans que je ne t’y oblige ? »

J’estimais qu’elle pouvait avoir le choix. Après tout, ce serait plus excitant si elle l’avait. Nous pourrions ainsi jouer à un jeu très intéressant auquel je sors toujours vainqueur… Mais je doute qu’elle puisse apprécier l’enjeu qui va se jouer si elle continue de vouloir rester en ce lieu où elle n’a pas été invitée…

Aucune réaction. J’avais beau lui ordonner de sortir de chez moi, l’individu continuait de rester sur sa position. Pire encore, il me narguait d’un sourire. Peut-être pensait-il que j’allais me laisser provoquer de la sorte ? Les débris de tasses qui se trouvaient dans la cuisine, non visible par la personne se trouvant face à moi, commencèrent à flotter dans les airs. Je ne laissais plus aucune autre chance. Seulement trois choix s’offraient à elle : sortir, m’expliquer sa présence en ces lieux, ou se faire tabasser à mort. Et ce serait avec un plaisir non dissimulé que je la frappe pour faire couler son sang.

C’est alors que l’individu prononça mon nom tout en précisant qu’elle me cherchait. C’était une femme au vu du timbre de sa voix. Je ne voyais qu’une silhouette noir tellement elle était encore ancré dans l’ombre de mon couloir. Devais-je affirmer lui donnant alors l’occasion de trouver une réponse à sa question ? Ou devais-je dissimuler mon identité ? Humpf. Après tout, je n’avais rien à perdre. Mes combines dans la tuerie à gage n’étaient connues que de très peu de personne. Je suivais des règles bien spécifiques et je m’engageais à les suivre du début à la fin du contrat… Etait-elle présente pour me confier une mission ? Avait-elle des propositions alléchantes pour moi ? Allais-je pouvoir remplir encore mon compte en banque ? J’allais la jouer franc jeu, et être honnête. C’est ainsi que je remis en place les débris de ma tasse précédemment brisée et que je commençais à lui répondre.

« Je suis Jaegers Frost. »

Dans ce genre de situation, certaines personnes préféraient trop en dire. En ce qui me concerne, j’étais du genre à penser que moins l’on en dit, mieux nous aurions l’avantage. Le seul souci à l’heure actuelle, était qu’elle savait plus de chose sur moi que l’inverse. Je devais donc rester sur mes gardes et parer à toutes éventualités… Quoi qu’il en soit, j’avais déjà l’avantage du terrain… C’était déjà un atout non négligeable…

« Tu me cherches… Et en quoi puis-je t’être utile ? »

Généralement, c’était à partir de maintenant que le business allait commencer. Mais dans ce cas… Je ne savais pas ce qu’elle était venu chercher et je ne pouvais me permettre de lui demander si elle souhaitait mettre une tête à prix… Cela ferait légèrement… « Mauvais genre » ! J’étais quelqu’un d’un naturel curieux, et forcé de constater que sur ce coup, je mourrais d’envie de savoir ce qu’elle pouvait bien me vouloir… Cette gamine…